Nous sommes en attente, nous le disons facilement… Mais nous avons aussi à prendre la mesure de notre attente, quelle est-elle ? Attendre vraiment, être patient vraiment demandent, je pense, d’avoir annoncé, d’avoir précisé, d’avoir nommé son attente, de lui avoir donné forme. Dieu le fait envers nous depuis la Genèse… Le Père du fils prodigue l’attend lui selon une certaine forme… Nous devons aussi le faire nous-mêmes. Jacques qui file la comparaison entre le croyant et l’agriculteur dit bien que ce dernier attend les produits de la terre, les produits précieux de la terre... Ils sont précieux car d’une certaine manière déjà connus…
Attendre n’est donc pas rien. Ce n’est pas un espace sans forme. Ce n’est pas tout non plus accessible. Il y a un réel lâcher prise, une démaîtrise consentie. Ce que j’attends, je ne puis me le donner moi-même… Je puis seulement m’y disposer. Et là, Jacques, avec sa grande insistance communautaire, vient à notre aide pour définir la forme que peut prendre notre attente… Elle ne peut être sans l’autre, mon frère, ma sœur, sans la relation ecclésiale…
Jacques nous demande surtout de vivre pleinement nos relations entre nous, croyants. Sachons tisser ces liens entre nous qui nous relient, qui nous aident chacun à tenir dans l’espérance, tenir dans l’exigence de la vie. Sachons garder notre parole du mal envers les autres frères, sachons offrir le meilleur de nous-mêmes en l’aujourd’hui, une parole d’optimisme, de confiance, d’appel… encore et encore… Une parole comme celle des prophètes envers leur peuple… Mesurons la profondeur de cette prière après la communion de l’Avent, elle nous dit et l’attente, et la promesse, et la forme… « C'est par l’eucharistie que tu formes dès maintenant, à travers la vie de ce mode, l'amour dont nous t'aimerons éternellement. »…
Merci Seigneur pour les frères, les sœurs que tu me donnes, avec eux, par eux, grâce à eux, j’entre dans cette patience véritable, qui donne à notre terre et à chacun de nous de t’attendre vraiment, d’entrer dans une attente qui pourra te recevoir… parce qu’elle prend la forme de l’amour fraternel. Je te remercie pour les frères, les sœurs que tu me donnes. Avec eux, avec elles, je puis t’attendre vraiment.
Jacques 5, 7-10 Frères, en attendant la venue du Seigneur, ayez de la patience. Voyez le cultivateur : il attend les produits précieux de la terre avec patience, jusqu'à ce qu'il ait fait la première et la dernière récoltes. Ayez de la patience vous aussi, et soyez fermes, car la venue du Seigneur est proche. Frères, ne gémissez pas les uns contre les autres, ainsi vous ne serez pas jugés. Voyez : le Juge est à notre porte. Frères, prenez pour modèles d'endurance et de patience les prophètes qui ont parlé au nom du Seigneur.
Jean-Luc Fabre, compagnon jésuite