En ce jour-là, quelques pharisiens s’approchèrent de Jésus pour lui dire : « Pars, va-t’en d’ici : Hérode veut te tuer. » Il leur répliqua : « Allez dire à ce renard : voici que j’expulse les démons et je fais des guérisons aujourd’hui et demain, et, le troisième jour, j’arrive au terme. Mais il me faut continuer ma route aujourd’hui, demain et le jour suivant, car il ne convient pas qu’un prophète périsse en dehors de Jérusalem. Jérusalem, Jérusalem, toi qui tues les prophètes et qui lapides ceux qui te sont envoyés, combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants comme la poule rassemble ses poussins sous ses ailes, et vous n’avez pas voulu ! Voici que votre temple est abandonné à vous-mêmes. Je vous le déclare : vous ne me verrez plus jusqu’à ce que vienne le jour où vous direz : Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! »
« Pars, va-t’en d’ici ». Nous entrons dans ce moment de la vie publique du Christ où sa liberté, en faisant face jusqu’au bout à l’opposition des pouvoirs religieux, quitte à en être détruite, se manifestera pleinement. Faire autrement, échapper à la mort, serait la manifestation que sa liberté n’est pas vraie et ne manifeste pas pleinement ce à quoi elle dit tenir plus que tout. Elle ne pourrait nous mouvoir non plus. Le salut ne s’opérerait pas.
« Jérusalem combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants » Parce que la décision a été prise de demeurer, l’intention qui meut la liberté du Christ peut se dire pleinement et être reçue. Dans le cœur de Jésus comme dans celui de son Père qui l’envoie, un seul et unique désir : donner à Jérusalem et tous ses habitants, et même au-delà, d’être véritablement unis à Celui qui les aime depuis toujours, qui les a appelés à la liberté et à être rassemblés avec son Fils. Et cette nouvelle démarche qui s’ouvre à nous est crédible par la manière dont le Christ vit sa mission. La profondeur de son désir nous conforte sur notre propre chemin.
« Votre temple est abandonné à vous-mêmes » Le moyen existant peut alors devenir caduc. Le temple[i] là où devait se vivre l’échange depuis l’arrivée en terre sainte après la traversée du désert, peut être remplacé par un autre moyen. Ce sera le cœur de Jésus, temple vivant qui réconforte. Il remplace le temple de pierres, promis à la ruine. Notons que ce mouvement spirituel peut se vivre, transposé en chacune de nos vies. Sachons répondre aux appels du seigneur pour approfondir notre relation avec Lui dans le flux de notre histoire personnelle en sachant laisser tomber ce qui nous retenait d’être en plus grande intimité avec Lui.
Jean-Luc Fabre compagnon jésuite
[i] Dans « Le signe du temple », Jean Daniélou indique ce mouvement du temple de pierres au cœur de Jésus et aux nôtres.
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