Un carnet de tickets-restaurants permet d’offrir un bon repas au restaurant aux personnes en difficulté d’une paroisse. Lorsque vous n'avez pas beaucoup de moyens, cela vous retient de dépenser pour un seul repas ce qui vous permet de vivre trois ou quatre jours. Mais au restaurant, en plus de la nourriture, il y a cet élément de fête et de respect envers soi, de rencontre avec les autres dans un cadre spécial.
Ce midi, neuf personnes se sont réunies dans un beau restaurant de la grande banlieue de la région toulousaine. Thomas avait soigné sa tenue, il était tout en blanc. Il était devant le restaurant trois quart d’heures avant le rendez-vous dans son fauteuil roulant automatique. Louis était arrivé de bonne heure, aussi dans sa voiture automatique en attendant l’arrivée des autres pour qu'ils l’aident à sortir de sa voiture et à se mettre dans son fauteuil. Ranya, africaine d’origine, s'était habillée comme si elle allait à la fête. Son mari, congolais, sans papier depuis plus de 12 ans, et ses deux enfants étaient tout joyeux de l’accompagner et de pouvoir partager le repas avec d’autres convives.
Monsieur le curé, toulousain d’origine, s'est joint à eux avec Sid qui est marocain, divorcé, en situation lui aussi irrégulière en France. Le curé a payé sa part et a offert aux convives le vin accompagnant le repas. Tout le monde a apprécié ce bon repas du restaurant.
A 14h, le curé a dû quitter la table pour des obsèques à l’église, les autres sont restés à bavarder, à se raconter leurs vies. Thomas, français, sexagénaire amoureux de la vie, malgré et contre tout, a annoncé aux autres son troisième mariage avec une ivoirienne parce qu’il ne peut pas vivre seul. Louis, aveyronnais de souche, quarantaine, très philosophe, ayant rencontré plusieurs copines, étant toujours avec sa maman, a un autre regard, une autre conception sur la vie. L’organisatrice de cette rencontre, sexagénaire, d’origine asiatique, réfugiée politique, intégrée à la société française depuis plus de 30 ans, ayant une petite pension, sait apprécier la bonne nourriture. Comme célibataire, engagée au service de l’Eglise, elle essayait de prendre soin de ses frères en Christ Ressuscité. La conversation les a amenés à parler de la polygamie qui existe dans les différentes cultures : africaine, asiatique, européenne. Ils étaient les derniers à quitter le restaurant vers 15h00.
La joie d’être invité, la joie d’être entouré, la joie d’être avec le curé à la même table était dans le cœur de tous ces « cabossés » de la vie. Avant de se séparer, ils ont pris une photo de leur groupe devant une grande statue représentant le visage du bouddha sur lequel coule l’eau afin de pouvoir garder souvenir de ce temps passé ensemble.
Un grand merci au Bon Ami qui a donné le carnet de tickets-restaurant et au curé pour sa disponibilité. Cela fait penser que si le partage équitable des ressources existait un peu partout sur notre terre, il balaierait la pauvreté de notre planète et il rendrait l’homme heureux. Amen.
Le Jardinier de Dieu
