Curieuse parabole, finalement, à un peuple qui attend la manifestation du Royaume de Dieu, enfin ! Une attente qui n’en finit pas. Quel royaume en fait ? Attente de la paix, enfin ? Attente que la justice soit enfin là pour tous ? Attente que Dieu règne enfin sur les impies, ces « concitoyens qui le détestent » ? Notre aveugle de l’autre jour est peut-être là, qui lui aussi, attend le Roi de la lignée de David. La finale de l’évangile est brève : Jésus partit en avant pour monter à Jérusalem. Il part pour une onction. « Voici votre roi », dira Pilate au peuple juif. La Passion, lieu de l’onction. Qui peut comprendre ? Notre Eglise ? pas plus que les disciples. Si, quand même, le disciple que Jésus aimait comprendra, lui, plus tard.
La parabole semble dire qu’une seule chose compte : recevoir la vie. Plus j’avance, plus il me semble que l’évangile ne dit qu’une bonne nouvelle : Dieu nous appelle à devenir enfant de Dieu. La Passion est ce lieu où Jésus est fils jusqu’au bout. Le Serviteur qu’il est reçoit la vie de son Dieu et Père, jusqu’au bout. C’est pourquoi il peut la donner, jusqu’à l’extrême. Le bon et fidèle serviteur reçoit la vie, alors il la fait fructifier. La manifestation du royaume de Dieu, c’est quand je reçois d’un Autre la vie, libéré de la peur d’être un mauvais serviteur, libéré de moi-même. Les autres, ces « chers concitoyens », finissent égorgés, mais c’est eux-mêmes qui ont égorgé en eux la vie, comme Antiochos. Ils entraînent le règne des faux dieux et bien des peurs. Les 7 frères martyrs l’ont reconnu, personne n’est l’auteur de sa vie, la vie ne peut que se recevoir d’un Autre, aucun pouvoir humain n’en est maître. Ils sont ces serviteurs bons et fidèles.
Père, que nous recevions de toi la vie que tu nous donnes pour que ton règne arrive. Le règne des enfants de Dieu.
Olivier de Framond, compagnon jésuite