Le festin de Babette : quand un film s'invite dans Amoris Lætitia
Pour décrire la joie intense qui jaillit quand on donne du bonheur aux autres, le pape François cite une scène du grand film danois Le Festin de Babette. Une référence inédite pour un document de cette importance et c'est a première fois qu'un document papal (Amoris Laetitia) se réfère directement à un film.
129. La joie de cet amour contemplatif doit être cultivée. Puisque nous sommes faits pour aimer, nous savons qu’il n’y a pas de plus grande joie que dans un bien partagé : « Offre et reçois, trompe tes soucis, ce n'est pas au shéol qu'on peut chercher la joie » (Si 14, 16). Les joies les plus intenses de la vie jaillissent quand on peut donner du bonheur aux autres, dans une anticipation du ciel. Il faut rappeler la joyeuse scène du film Le festin de Babette, où la généreuse cuisinière reçoit une étreinte reconnaissante et un éloge : « Avec toi, comme les anges se régaleront ! ». Elle est douce et réconfortante la joie de contribuer à faire plaisir aux autres, de les voir prendre plaisir. Cette satisfaction, effet de l’amour fraternel, n’est pas celle de la vanité de celui qui se regarde lui-même, mais celle de celui qui aime, se complaît dans le bien de l’être aimé, se répand dans l’autre et devient fécond en lui. (Amoris Laetitia, exhortation apostolique, pape François, 8 avril 2016)
De quoi s'agit-il, ce film ? Soupe de tortue géante, blinis au caviar et à la crème, cailles en sarcophage au foie gras et sauce aux truffes… Le menu de Babette est bien le festin annoncé par ce magnifique film danois de Gabriel Axel. Réalisée en 1987 et récompensée d'un Oscar du meilleur film étranger l'année suivante, cette ode à la gastronomie ressort dans une copie restaurée en salles et en DVD.
Dans cette adaptation d'une nouvelle de Karen Blixen, Babette (émouvante Stéphane Audran), cuisinière française fuyant la répression de la Commune en 1871, débarque un soir d'orage sur la côte sauvage du Jutland, au Danemark. Elle devient la domestique de deux vieilles filles d'un village luthérien. Après quatorze années d'exil, elle reçoit des fonds inespérés avec lesquels elle prépare un dîner qui restituera le faste de la grande cuisine parisienne. Au fil de la soirée et des plats, l'austère assemblée se déride, les apparences se craquèlent et le cœur de chacun des convives chavire sous l'effet des mets délicieux du festin de Babette.
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