17. La vocation des fidèles laïcs à la sainteté exige que la vie selon l’Esprit s’exprime de façon particulière dans leur insertion
dans les réalités temporelles et dans leur participation aux activités terrestres . C’est encore l’Apôtre qui nous y engage : «Tout ce que vous dites, tout ce que vous faites , que ce soit
toujours au nom du Seigneur Jésus-Christ, en offrant par lui votre action de grâce à Dieu le Père» (Col 3, 17). Appliquant les paroles de l’Apôtre aux fidèles laïcs, le Concile affirme de façon
très ferme : «Ni le soin de leur famille, ni les affaires temporelles ne doivent être étrangers à leur spiritualité ».49
Après eux, les Pères du Synode ont déclaré : «L’unité de la vie des fidèles laïcs est d’une importance extrême : ils doivent, en effet, se sanctifier dans la vie ordinaire, professionnelle et
sociale. Afin qu’ils puissent répondre à leur vocation, les fidèles laïcs doivent donc considérer leur vie quotidienne comme une occasion d’union à Dieu et d’accomplissement de sa volonté, comme
aussi de service envers les autres hommes, en les portant jusqu’à la communion avec Dieu dans le Christ».50
La vocation à la sainteté doit être perçue et vécue par les fidèles laïcs, moins sous un aspect d’obligation exigeante et incontournable, que comme un signe lumineux de l’amour infini du Père qui
les a régénérés à sa vie de sainteté. Une pareille vocation, dans ces conditions, doit se définir comme un élément essentiel et indissociable de la nouvelle vie baptismale, et par conséquent
comme un élément constitutif de leur dignité. En même temps, la vocation à la sainteté est intimement liée à la mission et à la responsabilité qui sont confiées aux fidèles laïcs dans l’Eglise et
dans le monde. En effet, la sainteté vécue, tout en provenant de la participation à la vie de sainteté de l’Eglise, représente aussi par elle-même une première et fondamentale contribution à
l’édification de l’Eglise en tant que «Communion des Saints». Devant les yeux éclairés par la foi s’ouvre un spectacle merveilleux : celui de tant de fidèles laïcs, hommes et femmes, qui,
précisément dans leur vie et leur activité de chaque jour, souvent inaperçus ou parfois incompris, méconnus des grands de la terre mais regardés avec amour par le Père, sont des ouvriers qui
travaillent inlassablement dans la Vigne du Seigneur, des artisans humbles et grands à la fois — assurément par la puissance de la grâce de Dieu — de la croissance du Royaume de Dieu au cours de
l’histoire.
La sainteté est ensuite, il faut le reconnaître, une base essentielle et une condition absolument irremplaçable pour l’accomplissement de la mission de salut de l’Eglise. C’est la sainteté de
l’Eglise qui est la source secrète et la mesure infaillible de son activité apostolique et de son élan missionnaire. C’est seulement dans la mesure où l’Eglise, Épouse du Christ, se laisse aimer
de lui, et l’aime en retour, qu’elle devient Mère féconde dans l’Esprit.
Revenons à l’image biblique : la naissance et l’expansion des sarments dépendent de leur insertion dans la vigne : «De même que le sarment ne peut pas porter de fruit par lui-même s’il ne demeure
pas sur la vigne, de même, vous non plus, si vous ne demeurez pas en moi. Moi, je suis la vigne, et vous, les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celuil à donne beaucoup de
fruit, car, en dehors de moi, vous ne pouv ez rien faire » (Jn 15, 4-5).
Tout naturellement il faut rappeler ici la proclamation solennelle de fidèles laïcs, hommes et femmes, au rang de bienheureux et de saints, qui a été faite durant le temps du Synode. Le peuple de
Dieu tout entier, les fidèles laïcs en particulier, peut trouver en eux de nouveaux modèles de sainteté et de nouveaux témoins de vertus héroïques, pratiquées dans des conditions communes et
ordinaires de la vie.
Comme l’ont affirmé les Pères du Synode : «Les Églises locales et surtout celles qu’on appelle les jeunes Églises doivent discerner attentivement parmi leurs propres membres les hommes et les
femmes qui ont donné dans de telles conditions (les conditions quotidiennes du monde et de l’état conjugal) le témoignage de la sainteté et qui peuvent servir d’exemple aux autres, afin que, si
le cas se présente, ils soient proposés pour la béatification et la canonisation».51
Au terme de ces réflexions, destinées à définir la condition ecclésiale du fidèle laïc, nous revient à la mémoire la célèbre interpellation de Saint Léon le Grand : «Reconnais, ô Chrétien ta
dignité».52 C’est ce que dit aussi Saint Maxime, évêque de Turin, en s’adressant à ceux qui avaient reçu le baptême : «Considérez l’honneur qui vous est fait dans ce mystère!».53
Tous les baptisés sont invités à écouter une fois encore les paroles de Saint Augustin : «Réjouissons-nous et remercions : nous sommes devenus non seulement des chrétiens, mais le
Christ … Soyez dans la stupeur et la joie : nous somm es devenus Christ ! ».54
La dignité de chrétien, source de l’égalité de tous les membres de l’Eglise, garantit et promeut l’esprit de communion et de fraternité, et, en même temps, elle devient la source secrète et
puissante du dynamisme apostolique et missionnaire des fidèles laïcs. C’est une dignité exigeante, la dignité des ouvriers appelés par le Seigneur à travailler à sa vigne : «A tous les laïcs -
lisons-nous dans les Actes du Concile - incombe la noble charge de travailler à ce que le dessein divin de salut parvienne de plus en plus à tous les hommes de tous les temps et de toute la
terre».55
Jean-Paul II, Les fidèles laïcs, 30 décembre1988, p.p. 20-22
photo1 http://www.lacoloniesp.ca/fr/espace/metiers/images/TS.jpg
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Se sanctifier dans le monde
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