L’homme, c’est la parole.
L’homme peut tout faire avec sa parole.
Il peut dire une parole savoureuse
qui donne aux autres la joie.
Une parole de sel, qui a du goût.
Une parole qui mange, qui saisit la poitrine, le cœur, le dos.
Une parole qui frappe le ventre en révélant les pensées cachées.
Une parole qui donne à tout le corps de celui qui l’entend
un frémissement qui descend jusqu’aux jambes ( …)
La parole de l’homme sort du cœur.
C’est dans le cœur qu’elle mûrit, qu’elle cuit.
C’est dans le cœur qu’elle grandit.
La parole de l’homme appartient au cœur
et non pas à la bouche (…)
Tu ne prononceras pas toute parole
qui arrive sur ta bouche.
La parole appartient au cœur.
Si la parole n’appartient plus au cœur,
ce serait de la folie.
C’est le fou qui dit toute parole qui vient à la bouche.
Qu’est-ce que la folie sinon le fait
que la parole ne suit plus le cœur,
que la parole n’appartient plus au cœur ?
Textes et civilisations Bonheur et souffrance chez les Peuples nomades. Edicef, Paris, p.37-38