Jardinier de Dieu

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Pourquoi ce nom ? Un de nos jésuites va vous répondre


Mt 26,14-25 Trahison de Judas et préparatifs de la Pâque

Publié par père Jean-Luc Fabre sur 27 Mars 2018, 07:08am

Catégories : #Semaine Sainte & Triduum Pascal

Mercredi saint :
   1ère lecture : Is 50, 4-9a

Dieu mon Seigneur m’a donné le langage d’un homme qui se laisse instruire, pour que je sache à mon tour réconforter celui qui n’en peut plus. La Parole me réveille chaque matin, chaque matin elle me réveille pour que j’écoute comme celui qui se laisse instruire. Le Seigneur Dieu m’a ouvert l’oreille, et moi, je ne me suis pas révolté, je ne me suis pas dérobé. J’ai présenté mon dos à ceux qui me frappaient, et mes joues à ceux qui m’arrachaient la barbe. Je n’ai pas protégé mon visage des outrages et des crachats. Le Seigneur Dieu vient à mon secours ; c’est pourquoi je ne suis pas atteint par les outrages, c’est pourquoi j’ai rendu mon visage dur comme pierre : je sais que je ne serai pas confondu. Il est proche, celui qui me justifie. Quelqu’un veut-il plaider contre moi ? Comparaissons ensemble. Quelqu’un a-t-il une accusation à porter contre moi ? Qu’il s’avance ! Voici le Seigneur Dieu qui vient prendre ma défense : qui donc me condamnera ?

Ps 68 (69), 8-10, 21-22, 31.33-34

C’est pour toi que j’endure l’insulte, que la honte me couvre le visage : je suis un étranger pour mes frères, un inconnu pour les fils de ma mère. L’amour de ta maison m’a perdu ; on t’insulte, et l’insulte retombe sur moi.

L’insulte m’a broyé le coeur, le mal est incurable ; j’espérais un secours, mais en vain, des consolateurs, je n’en ai pas trouvé. A mon pain, ils ont mêlé du poison ; quand j’avais soif, ils m’ont donné du vinaigre.

Et je louerai le nom de Dieu par un cantique, je vais le magnifier, lui rendre grâce. Les pauvres l’ont vu, ils sont en fête : « Vie et joie, à vous qui cherchez Dieu ! » Car le Seigneur écoute les humbles, il n’oublie pas les siens emprisonnés.

Evangile Mt 26, 14-25

En ce temps-là, l’un des Douze, nommé Judas Iscariote, se rendit chez les grands prêtres
et leur dit : « Que voulez-vous me donner, si je vous le livre ? » Ils lui remirent trente pièces d’argent.
Et depuis, Judas cherchait une occasion favorable pour le livrer.
Le premier jour de la fête des pains sans levain, les disciples s’approchèrent et dirent à Jésus : « Où veux-tu que nous te fassions les préparatifs pour manger la Pâque ? »
Il leur dit : « Allez à la ville, chez un tel, et dites-lui : “Le Maître te fait dire : Mon temps est proche ; c’est chez toi que je veux célébrer la Pâque avec mes disciples.” »
Les disciples firent ce que Jésus leur avait prescrit et ils préparèrent la Pâque.
Le soir venu, Jésus se trouvait à table avec les Douze.
Pendant le repas, il déclara : « Amen, je vous le dis : l’un de vous va me livrer. »
Profondément attristés, ils se mirent à lui demander, chacun son tour : « Serait-ce moi, Seigneur ? »
Prenant la parole, il dit : « Celui qui s’est servi au plat en même temps que moi, celui-là va me livrer.
Le Fils de l’homme s’en va, comme il est écrit à son sujet ; mais malheureux celui par qui le Fils de l’homme est livré ! Il vaudrait mieux pour lui qu’il ne soit pas né, cet homme-là ! »
Judas, celui qui le livrait, prit la parole : « Rabbi, serait-ce moi ? » Jésus lui répond : « C’est toi-même qui l’as dit ! »

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Ce passage d’évangile met en scène les deux personnages : Juda et Jésus. Avant la rencontre finale, il nous est donné de sentir pour chacun d’eux, sa dynamique propre. Dans notre prière, nous allons prendre la mesure de comment chacun se situe avant de les retrouver dans leur dernier échange. Pour cela, de brefs commentaires  afin de nous aider à mieux entrer dans la scène, la laisser se dérouler lentement en étant attentifs aux personnages, à ce qu’ils font, ce qu’ils disent... et laisser naître en nous une parole personnelle de réponse...

 

1.     « Que voulez-vous me donner, si je vous le livre ? » Juda va vers les chefs des prêtres, formule cette demande, sans savoir ce qu’il veut. Il donne, il livre, sans savoir ce qu’il veut en retour, il vend sans connaître la valeur de ce qu’il vend, de celui qu’il vend. Il est de fait sans projet, il se rend jouet des forces extérieures, au fond il ne se respecte pas lui-même... Il subit les événements... il attend une occasion favorable...Nous pouvons essayer de ressentir l’état de Juda, comment les événements prennent l’initiative en lui, comment il s’en remet aux autres...

 

2.     «  C'est chez toi que je veux célébrer la Pâque avec mes disciples » Jésus manifeste pleinement sa volonté, il oriente les disciples « allez à la ville », l’espace « chez un tel », il est Seigneur « le Maître te fait dire... ». Il est lui-même habité par une volonté propre qui s’exprime, « C'est chez toi que je veux célébrer la Pâque avec mes disciples ». Cette volonté est aussi ouverture aux autres : à son hôte « c’est chez toi », à ses disciples « avec mes disciples », à la tradition « célébrer la Pâque ».  Cette seigneurie est reconnue « Les disciples firent ce que Jésus leur avait prescrit et ils préparèrent la Pâque ».  Là aussi, nous pouvons essayer de ressentir l’état de Jésus, comment il habite sa mission, comment il est tourné vers les autres...

 

3.     « Rabbi, serait-ce moi ? » Du temps, un peu de temps, quelques jours passent... et les deux, Jésus et Juda, se retrouvent avec les autres. « Le soir venu, Jésus se trouvait à table avec les Douze »  Il va y avoir une rencontre entre eux deux.  Jésus prend la parole, il dit ce qui va se passer : « Amen, je vous le dis : l'un de vous va me livrer. » Il situe lui-même  aussi par rapport aux événements  « Le Fils de l'homme s'en va, comme il est écrit à son sujet », Jésus assume pleinement sa condition, sa situation. Il veut, il peut, il assume ce qui s’impose à lui, ce qui est écrit à son sujet... Il est libre au cœur de ce qui s’impose à lui, il le manifeste.

Quand je tiens ensemble, que je conjoins ce que je veux et ce qui s’impose à moi : je vis une vraie Passion. Jésus peut parler sans haine de l’autre, de celui qui le livre, dire sa situation, il connaît le cœur de l’homme : « malheureux l'homme par qui le Fils de l'homme est livré! Il vaudrait mieux que cet homme-là ne soit pas né ! ». Puis, Juda prend la parole : « Rabbi, serait-ce moi ? ». Jésus lui répond aussitôt : « C'est toi qui l'as dit ! » Comment entendre cette réponse ? Jésus lui répond, le confirme dans son être, c’est bien toi qui le dis... Tu existes avec ce que tu me fais. Jésus en ce moment terrible reconnaît Juda. Juda peut renouer. Jésus lui en donne la capacité.

 

Jésus donne à quiconque la capacité de renouer avec lui. Aussi au terme de cette confrontation avec Jésus et Juda, je puis me demander ce qu’il y a de « juda » en ma propre vie, la confier au Seigneur, je puis aussi repérer là où je suis comme Jésus dans ma relation aux autres, proches ou lointain. Là aussi je l’offre dans le dialogue avec Lui.

Jésus est libre au cœur de ce qui s’impose à Lui, il se donne librement, il le signifie par le lavement des pieds, par la Cène.

père Jean-Luc Fabre - pour la journée de prière à St Laurent sur Sève

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