Leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître. Le Ressuscité est là. Y en a-t-il pour le reconnaître ? Il en est qui peuvent y être empêchés car ils sont perdus dans leur rage, tel Paul avant que tombent des écailles de ses yeux. Ici c’en est qui ne voient que leur tristesse. D’autres n’auront pas idée qu’ils ne voient pas. Certains ne voient que ce qu’ils sont prêts à voir. Et nous, et moi ? …
Une chose apparaît ici : le Ressuscité ne s’impose pas, il se révèle seulement. Il peut s’étonner d’esprits sans intelligence, de cœurs lents à croire et lire les Ecritures. Jamais il ne leur dira : « je suis le Ressuscité, bande de gnoufs ». Il est là, il crée du désir, il amène les aveugles à déverser ce qui leur bouche la vue, il ouvre l’appétit, dans tous les sens du terme ! Même après avoir parlé de lui en Moïse, et en plein d’autres personnages des Ecritures, nos 2 amis restent aveugles, ils n’ont pas reconnu le Ressuscité. Ils ont cependant reçu un étranger qu’ils veulent voir demeurer avec eux, le temps d’un repas à l’auberge. Quand l’appétit va, tout va.
Et de fait, c’est là, à un tout petit signe, une manière de partager le pain, on dirait, que les écailles tombent. C’est lui, il est ressuscité. Qui disparaît alors de leur vue. Il demeure intérieur, c’est la marque de la vraie vue. C’est les yeux qui vivent. Ils voient jour même la nuit. Ils mènent jusqu’aux frères et jusqu’à la parole. Parler c’est raconter comment le Seigneur s’est fait reconnaître aux uns et aux autres.
Olivier de Framond, compagnon jésuite
