Luc 10, 13-16 En ce temps-là, Jésus disait : « Malheureuse es-tu, Corazine ! Malheureuse es-tu, Bethsaïde ! Car, si les miracles qui ont eu lieu chez vous avaient eu lieu à Tyr et à Sidon, il y a longtemps que leurs habitants auraient fait pénitence, avec le sac et la cendre.
D’ailleurs, Tyr et Sidon seront mieux traitées que vous lors du Jugement.
Et toi, Capharnaüm, seras-tu élevée jusqu’au ciel ? Non ! Jusqu’au séjour des morts tu descendras !
Celui qui vous écoute m’écoute ; celui qui vous rejette me rejette ; et celui qui me rejette rejette celui qui m’a envoyé. »
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« Malheureuse es-tu » Jésus ne cesse d’appeler notre liberté, d’appeler notre liberté à choisir. Il sait ce qu’une décision produit comme croissance dans l’être de la personne, comment aussi une décision fait grandir le Royaume. Dès lors, il éprouve comme « malheureux » ceux qui n’y arrivent pas, qui restent figés dans leur état. La sainteté ne l’oublions pas c’est cette capacité à répondre à la situation, au moment présent. N’oublions pas la parabole du bon samaritain. Là aussi le changement c’est pour maintenant. Mais le changement n’est pas forcément radical en un seul coup…
« Les gens y auraient pris » Le Seigneur met en avant d’autres villes, porteuses d’une mauvaise réputation et qui pourtant se sont mises en mouvement, ont posé les premiers gestes pour avancer, repris des éléments du rituels… de petites choses mais nous n’avons jamais à mépriser les petits gestes. Les gens d’action le savent. Il en est bien ainsi de la Légion étrangère qui a pour règle, dès le premier quart d’heure, d’améliorer le cantonnement, tout comme Valeo, un systémier automobile, qui encourage la mise en œuvre même avec des moyens de fortune de toute idée d’amélioration. Et Ignace dit la même chose lui qui dans les Exercices spirituels propose ce qu’il appelle des « additions ». Elles sont là pour améliorer ce qui a commencé à exister. N’ayons pas peur de commencer, de commencer un peu, d’ouvrir le possible même un petit peu…
« Celui qui vous écoute, m'écoute » Et le Seigneur est cohérent avec ce qu’il dit, il ne renonce pas. Il sait que le devenir est possible et il relance la communication envers ces villes, envers ceux qui n’avancent toujours pas, en faisant comment ? En transmettant la possibilité de cette communication, de cette adresse aux disciples. A eux de parler pour être écoutés dans de nouvelles situations, de nouveaux possibles. L’écoute des propos tenus par les disciples sera celle de sa parole, de la parole de Celui qui ne cesse de l’envoyer.
Jean-Luc Fabre, compagnon jésuite
[1] Texte écrit lors d’une retraite au Cénacle de Versailles octobre 2014
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