En cette fête de l’Assomption où l’Eglise célèbre le terme du cheminement personnel de la vierge Marie avec son arrivée au Ciel, deux aspects remarquables de cette scène évangélique de la visitation qui peuvent aider notre proprement cheminement.
A la Visitation, toutes les quatre personnes concernées sont pleinement actives, et c’est déjà remarquable : les deux enfants et les deux mères et, qui plus est, les uns par les autres. La venue de l’enfant Dieu Jésus suscite l’autre enfant, Jean Baptiste, la mère de ce dernier, Elisabeth, alors fait état de combien ce tressaillement de joie la touche, ce qui provoque chez l’autre mère, Marie, un chant de louange, le magnificat. Nous touchons là une caractéristique de la bonne nouvelle en Jésus Christ qui n’aura de cesse de se développer, tout au long de l’évangile de Luc et surtout des Actes et jusqu’à nous. Cette bonne nouvelle n’est jamais solitaire, elle est toujours communautaire, se tissant, se déployant, se transmettant dans l’interaction entre plusieurs… Le fait est que personne en Jésus Christ n’est touché par la bonne nouvelle sans la relation à son frère et à sa sœur, sans l’entrée dans une fraternité plus universelle. Et cela commence dès la première apparition de Jésus, pas encore né, à la visitation. Alors nous aussi n’essayons pas de nous frayer tout seul notre chemin de sainteté… n’ayons de cesse à nous ouvrir à nos frères et sœurs d’autant plus si nous sommes des religieux.
Mais au-delà de cette rencontre et de tout son déploiement, puisque nous sommes aujourd’hui à célébrer la vierge Marie je vous propose de nous arrêter sur la toute fin du récit évangélique que nous venons d’entendre. « Marie resta avec Élisabeth environ trois mois, puis elle s’en retourna chez elle ». Cela veut dire que Marie est restée certainement jusqu’à la naissance de Jean Baptiste. Ce qui se comprend, Marie aide sa vieille cousine Elisabeth dans sa grossesse et en même temps Marie apprend plein de choses pour sa propre grossesse en cours. Mais Luc éprouve le besoin de conclure par : « elle (c’est-à-dire Marie) s’en retourna chez elle ». Cette incise peut être rapprochée de cette autre à la fin de l’annonciation où après que Marie ait dit : « Voici la servante du Seigneur ; que tout m’advienne selon ta parole. » Luc rajoute « Alors l’ange la quitta ».
Que veut donc bien vouloir nous dire Luc avec ce retour solitaire de Marie chez elle après le temps chez Elisabeth, après nous avoir déjà dit que Marie, après l’annonce par Gabriel, s’était retrouvée seule ?Il est donné à Marie de prendre le temps de recevoir ce qui lui a été donné en faisant silence, par le retrait de l’ange, par le retour solitaire chez elle. Marie n’agit pas seulement à partir des sollicitations extérieures mais aussi par le temps secret qu’elle prend elle-même. Cela pointe pour chacun de nous cette nécessité pour recevoir la bonne nouvelle et lui donner de porter fruit de ne pas seulement être un acteur de sa vie en répondant à la situation mais de pouvoir être aussi auteur de sa vie, de lui donner forme de par sa propre liberté. Marie fait bien ainsi. Marie prend l’initiative d’aller voir sa cousine après l’annonce par l’ange, Marie prendra l’initiative d’accompagner son époux au lieu du recensement alors que la naissance s’annonce. Être auteur demande de laisser parler sa propre intériorité librement, de poser des actes de sa libre initiative, et pour cela d’avoir au préalable ce temps de silence intérieur.
Alors que le Seigneur bénisse votre quotidien, que vous puissiez surtout comme Marie prendre le temps de retenir tous les événements vécus en ces jours qui vous ont marqués et de les méditer dans votre cœur pour en prendre plus pleinement conscience, pour les laisser travailler en vous, les laisser porter tous leurs fruits qui naîtront aussi de votre silence, de votre propre liberté intérieure. Amen !