Nous lisons dans le prophète Isaïe cette parole : Voix de celui qui crie dans le désert préparez un chemin au Seigneur ! Redressez ses sentiers (Is 40, 3). Le Seigneur veut trouver un chemin par où il puisse entrer dans vos cours et y cheminer. Préparez-lui ce chemin dont il est dit : Redressez ses sentiers. La voix crie dans le désert : Préparez un chemin. Cette voix parvient d’abord aux oreilles puis, après elle, ou plutôt avec elle, la parole pénètre l’entendement. C’est en ce sens que le Christ fut annoncé par Jean (cf. Lc 3, 3 - 6).
Voyons donc ce que la voix annonce au sujet de la Parole. Préparez, dit la voix, un chemin au Seigneur. Quel chemin allons-nous préparer au Seigneur ? Est-ce un chemin matériel ? Mais la Parole de Dieu peut-elle emprunter un tel chemin ? Ne faut-il pas plutôt préparer au Seigneur un chemin intérieur et tracer dans notre cour des routes droites et unies ? Oui, voilà le chemin par où entre la Parole de Dieu pour s’installer dans le cœur humain capable de l’accueillir.
Qu’il est grand, le cœur de l’homme ! Quelle largeur et quelle capacité, pourvu qu’il soit pur ! Veux-tu connaître sa grandeur et sa largeur ? Vois l’étendue des connaissances divines qu’il embrasse. Il le dit lui-même : Dieu m’a donné la vraie science de toutes choses : il m’a fait connaître l’ordonnance du monde et les vertus des éléments, le commencement, la fin et le milieu des temps, alternance des solstices et changements des saisons, déroulement de l’année et position des astres, nature des animaux et instinct des bêtes, pouvoir des esprits et pensées des hommes, variétés des plantes et propriétés des racines (Sg 7, 17 - 20). Tu vois qu’il n’est pas petit, la cour de l’homme qui connaît tant de choses. Et rends-toi compte que sa grandeur ne vient pas de sa dimension mais de la puissance de pensée par laquelle il est capable de connaître tant de vérités.
Pour amener tout le monde à reconnaître combien est grand le cœur de l’homme, voyons quelques exemples pris dans la vie courante. Toutes les villes que nous avons traversées, nous les tenons en notre esprit. Leurs particularités, la situation de leurs places, de leurs murs et de leurs édifices demeurent dans notre cour. Le chemin que nous avons parcouru, nous le conservons peint et dessiné dans notre mémoire. La mer où nous avons navigué, nous la gardons dans notre pensée silencieuse. Comme je viens de le dire, il n’est pas petit le cour de l’homme qui peut saisir tant de choses.
Or, s’il n’est pas petit et s’il peut saisir tant de choses, on peut y préparer un chemin au Seigneur et y tracer une route droite où cheminera la Parole, la Sagesse de Dieu. Prépare un chemin au Seigneur par une bonne conscience, aplanis la route pour que le Verbe de Dieu marche en toi sans heurts et te donne la connaissance de ses mystères et de sa venue.
Origène (185-253), Homélie 21 sur S. Luc PG 13, 1855-1856
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