Jean 10, 27-30
En ce temps-là, Jésus déclara : « Mes brebis écoutent ma voix ; moi, je les connais, et elles me suivent.
Je leur donne la vie éternelle : jamais elles ne périront, et personne ne les arrachera de ma main.
Mon Père, qui me les a données, est plus grand que tout, et personne ne peut les arracher de la main du Père.
Le Père et moi, nous sommes UN. »
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Un passage extrêmement court qui pointe donc la relation essentielle entre le vrai berger, ses brebis ainsi qu’avec le Père. La compréhension de ce passage dans le mouvement liturgique du temps pascal doit faire appel à ce qui a été jusque là vécu (nous ne pouvons comprendre ce qui nous est dit qu’à partir, notamment, du contexte qui nous imprègne). Ce passage ouvre aussi à une nouvelle manière d’être, déjà présente mais qui se révèle pleinement. Ce bout d’évangile est comme ce passage étroit qui fait passer, dans une montagne, d’une vallée vers une autre vallée sur l’autre versant. Les Pyrénées offrent souvent cette expérience aux marcheurs émerveillés : franchir un col donne, en quelques mètres, d’entrer dans un nouvel univers.
Jésus, mort et ressuscité, ayant franchi l’épreuve absolue, dont il est sorti vainqueur, renouvelle la promesse faite par Dieu à Abraham. Il nous a apporté la paix, la joie et l’appel à être témoin. Aujourd’hui, concrètement, il appelle par son nom, chacune de ses brebis, celles qui ont commencé à le suivre, et il lui ouvre un chemin où la promesse qui lui est faite, va pouvoir s’incarner dans la vie des hommes, sous la protection aimante, bienveillante et prévenante du Père… elle se révélera ainsi vie éternelle, réconciliée avec le plus grand nombre, vie s’engendrant comme d’elle-même, triomphant dans le quotidien de la mort, du désespoir, de la jalousie, s’offrant elle-même pour la louange…
C’est la perspective de ce moment du temps pascal, chacun est appelé en son nom à devenir, selon la promesse qui lui est faite, dans le corps ecclésial qui se constitue… Rien de plus pour nous que de croire que la vie me rejoint, me conduit sur mon chemin qui est aussi chemin de tous les autres, nourri de leurs chemins, nourrissant le leur, communion dans cette mission commune, celle de Jésus, la mienne, celles des autres… Je marche, d’une façon éminemment singulière dans la solitude, mais porté par tous, portant tous… un parmi les autres… je deviens signe de la résurrection qui m’anime de l’intérieur, épousant le plus profond, le plus secret de mon être… là où le Père et le Fils viennent demeurer… ne cherchant plus que cette présence… étant dans la Vie sans d’autres projets que de la recevoir sans cesse davantage, que de la transmettre sans cesse davantage... Aimer.
Père Jean-Luc Fabre
