En ce temps-là, Jésus, marchant vers Jérusalem, traversait la région située entre la Samarie et la Galilée. Comme il entrait dans un village, dix lépreux vinrent à sa rencontre. Ils s’arrêtèrent à distance et lui crièrent : « Jésus, maître, prends pitié de nous. » À cette vue, Jésus leur dit : « Allez vous montrer aux prêtres. » En cours de route, ils furent purifiés. L’un d’eux, voyant qu’il était guéri, revint sur ses pas, en glorifiant Dieu à pleine voix. Il se jeta face contre terre aux pieds de Jésus en lui rendant grâce. Or, c’était un Samaritain. Alors Jésus prit la parole en disant : « Tous les dix n’ont-ils pas été purifiés ? Les neuf autres, où sont-ils ? Il ne s’est trouvé parmi eux que cet étranger pour revenir sur ses pas et rendre gloire à Dieu ! » Jésus lui dit : « Relève-toi et va : ta foi t’a sauvé. »
Dieu se réjouit pour les pécheurs perdus et retrouvés (Lc 15). Il y a eu le mot ardu sur le rapport à « l’Argent » - qui inclut toute sorte de bien auquel on s’attacherait - (Lc 16). Les disciples remués en ont retenu leur peu de foi. L’épisode des lépreux qui vient semble nous mettre sur une autre voie. Il est redit qu’on est dans la montée à Jérusalem, même si nous voilà entre Samarie et Galilée. Sur les 10, l’un au moins est Samaritain. « Cet étranger » ! Et les 9 autres ? Sont-ils juifs ou samaritains, ce n’est pas dit. Peut-être restons-nous encore finalement dans une « relecture » de l’évangéliste à un moment où la foi juive du Christ est en train de passer en d’autres mains et cœurs. Ce passage est toujours à refaire, pour nous, comme pour eux hier. Des « étrangers » à nous recevront peut-être davantage l’Esprit du Christ. Une attitude est en jeu, semble-t-il : la disposition à « revenir ».
Les 10 lépreux, mis hors vie sociale, sont guéris. Comment l’ont-ils reçu ? On ne le sait que pour un. Les autres ont suivi la parole à la lettre sans doute : ils seront allés voir des prêtres pour faire constater leur guérison et réintégrer les rangs de la société. Un autre, samaritain, l’accueille autrement. En lui s’opère un mouvement intérieur qui le fait s’arrêter. S’ils n’avaient pas croisé Jésus - « Jésus, maître », l’ont-ils appelé , ils n’auraient pas été guéris. Il est saisi de gratitude. Alors tout confus, un peu comme le fils cadet du prodigue, il « revient ». Sa décision ? Rendre grâce, pour Jésus, à ses pieds. C’est tout. Et c’est énorme. Il a reçu la Vie, il a reçu l’Alliance que Dieu tend aux petits. Il était guéri, et maintenant le voilà « sauvé » : « Va ; ta foi t’a sauvé ». La foi, c’est ce qui me fait entrer dans une reconnaissance vive de l’œuvre de Dieu. Quelqu’un qui veut ma joie, ma naissance, à qui je peux rendre grâce ! C’est le Salut. Revenir, c’est une « prière d’alliance » en acte ! Une prière d’alliance, c’est quoi ? C’est une rencontre avec le Seigneur où je lui dis : « me voici ; merci pour tes bienfaits, reconnus ; pardon, quand je t’ai mal reçu ; s’il te plaît, demain je veillerai, avec toi ». Seigneur, j’ai bien du mal à m’arrêter pour reconnaître tes bienfaits, ta guérison… Donne-nous la joie de les reconnaître et de décider de revenir. De revenir vers Toi, pour rendre grâce !
Olivier de Framond compagnon jésuite
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