Jardinier de Dieu

Jardinier de Dieu

Pourquoi ce nom ? Un de nos jésuites va vous répondre


1er dimanche de carême, année A

Publié par Roland Cazalis, compagnon jésuite sur 29 Février 2020, 14:33pm

Catégories : #homelie_cazalis

Il y a dans le monde diverses voix qui s’expriment et qui sollicitent notre attention.
Mais ces voix sont sans effet sur nous si elles ne trouvent pas chez nous une prédisposition.
Néanmoins, il y a en nous, une voix originaire, même si nous n’en avons pas conscience et qui se révèle quand le temps est venu.
La révélation se fait par le biais de la Rencontre, sans préparation aucune.
À partir de là, la question suivante est « Pourquoi certaines personnes restent disponibles à la voix originaire, et d’autres pas ».
La disponibilité à la voix originaire est ce que décrit donc le récit d’Adam et Ève, par rapport à la compétition que peut représenter l’appel des autres voix qui sollicitent notre attention en nous promettant monts et merveilles, si jamais nous leur accordions notre confiance, ou nous leur faisons crédit.
 
Dans ce contexte, nous avons trois sollicitations adressées au Christ, tout au long de sa vie pastorale, par des voix dans le monde, ou une voix dans le monde. Ce sont les trois tentations.
 
En fait, ces trois tentations, ce sont donc les trois lieux où le Christ était attendu au tournant.
Mais ces voix n’ont pas trouvé chez lui une correspondance, une attente, une disposition.
 
1ère sollicitation : la demande de signe :
Chaque fois qu’on lui demandera un signe pour un signe, un signe qui n’a d’autre objet que lui-même, sa réponse sera négative, car c’est une demande qui ne vient pas de la foi, de la confiance, mais de la défiance.
Ce n’est pas le bon esprit. Dieu n’est pas un saltimbanque qui a pour vocation d’amuser le public ou de le faire rêver quelques instants avec des tours de passe-passe improbables.
Quand il multipliera les pains pour nourrir la foule, cela correspondra à un besoin que sollicitent les circonstances du moment. On est en live.
Le signe est ordonné au salut. Le signe n’est pas un spectacle. Si j’ai un talent, un charisme particulier, il doit être mis en œuvre pour le bien de la communauté humaine. Cela doit se faire in situ. C’est l’appel d’une situation concrète qui me fait agir.
 
2ème sollicitation : mettre Dieu sur le fait accompli afin de l’obliger à s’exécuter. Par là, on montre la puissance que l’on peut exercer sur Dieu en le contraignant à ne pas se renier.
Or, le bon sens, même dans l’Eglise, dit ceci : « aide-toi, et le ciel t’aidera ».  Agis, comme si tout dépendait de toi.
Quand on met Dieu à l’épreuve, alors cela en dit long sur la voix que l’on écoute.
 
3ème tentation : la gloire ou le pouvoir en échange de son âme. Cette tentation est si présente dans l’humanité qu’elle est devenue un mythe. Faust se retrouve dans toutes les cultures.
Il ne faut pas imaginer le diable venant proposer un pacte à un arriviste de première ! Bien entendu, ce cas de figure est toujours possible.
En revanche, ce que nous constatons le plus couramment, c’est la présence d’un trait de fond chez quelqu’un, et qui va à l’encontre de son propre bien.
De la sorte, pour parvenir à ses fins, il est disposé à en payer le coût. Le coût, c’est lui-même.
La sagesse populaire dit à ce propos «  celui-là va mal finir », c.-à-d. « s’il ne change pas ».  La sagesse populaire croit que le salut est toujours possible par la conversion.
 
Le pouvoir en échange de son âme. C’est la méprise du couple primordial, Adam et Ève, selon le récit de genèse.
Le malin est menteur, c’est sa couleur et son odeur!  Les voix du monde, ces voix qui trouvent en nous une correspondance, une disposition, une attente, et qui nous promettent la gloire, c’est toujours du sable !
Dès que l’on vous parle de la gloire à venir, de la gloire inévitable, c’est forcément du sable, car d’avance, on vous annonce la redevance à payer pour s’assurer de son avènement.
Le Christ a formulé cette tentation à un autre moment en disant : « À quoi sert-il à l’homme de gagner le monde entier si c’est au prix de son âme ».
Pour dire ce genre de chose, il vous faut éprouver sa répulsion dans votre propre chair, c’est ce qui vous permet de dire « vade retro, satanas ! »
Passer de l’attrait à la répulsion, de la disposition au vade retro, c’est l’œuvre de la conversion.
Pour aller contre l’une de nos tendances de fond qui nous mènerait dans l’abîme, nous avons besoin de la grâce de l’Esprit, car le salut est toujours offert. Comme dit le Pape François :
« Regarde les bras ouverts du Christ crucifié, laisse-toi sauver encore et encore ».
Roland Cazalis, compagnon jésuite
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