Jardinier de Dieu

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Pourquoi ce nom ? Un de nos jésuites va vous répondre


Mt 1, 23 En entrant dans l’histoire du salut Joseph, lui aussi dit « oui » - 4e dimanche de l'Avent, année A

Publié par Jean-Luc Fabre, compagnon jésuite sur 20 Décembre 2019, 20:33pm

Catégories : #évangile commentaire

Être chrétien(ne) ne se réduit pas à suivre des commandements
Pape François

Mt 1, 23 Voici comment fut engendré Jésus Christ : Marie, sa mère, avait été accordée en mariage à Joseph ; avant qu’ils aient habité ensemble, elle fut enceinte par l’action de l’Esprit Saint. Joseph, son époux, qui était un homme juste, et ne voulait pas la dénoncer publiquement, décida de la renvoyer en secret. Comme il avait formé ce projet, voici que l’ange du Seigneur lui apparut en songe et lui dit : « Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse, puisque l’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit Saint ; elle enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus (c’est-à-dire : Le-Seigneur-sauve), car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. » Tout cela est arrivé pour que soit accomplie la parole du Seigneur prononcée par le prophète : Voici que la Vierge concevra, et elle enfantera un fils ; on lui donnera le nom d’Emmanuel, qui se traduit : « Dieu-avec-nous ». Quand Joseph se réveilla, il fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit : il prit chez lui son épouse.

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Joseph décida de la renvoyer en secret La bonne nouvelle, nous le savons, est pour chacun de nous et pour tous. Mais, en même temps, elle s’incarne chez certains dans une histoire singulière dont nous ne cessons de faire mémoire dans le récit biblique. Et nous devons faire le constat : nous sommes loin de l’histoire que nous contemplons. Alors découvrir comment Joseph apprend à trouver sa juste place, cela peut guider notre propre incorporation dans l’histoire sainte. Lui aussi est loin de cette histoire qui explose sa vie. Joseph est devant un événement qui l’excède. Sa future femme est enceinte et pas de lui. Il cherche dans ce contexte, ce qui lui semble le plus juste à partir de ce qu’il comprend, perçoit de la loi commune. Sa solution la plus juste : la renvoyer en secret.
 
« Joseph, ne crains pas de prendre chez toi... » Un nouveau chemin va lui être proposé, par le songe, ce moment autre, gratuit, nocturne, où Dieu nous propose une nouvelle manière de voir, de relier. Qu’est-ce qui fait la nouveauté apportée par l’ange ? Essentiellement, le fait que cet événement, la naissance à venir, surprenante, est resitué dans un nouveau cadre, celui de la relation de toute l’humanité avec le projet du salut mis en œuvre par Dieu. Dès lors, la matérialité des faits qui demeurent [Marie est enceinte et pas de lui] devient autre, parce qu’habitée par une promesse « c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés » dont l’effectuation passe par sa propre acceptation active « tu lui donneras le nom de Jésus »… Joseph est inclus dans l’histoire du salut où sa liberté est requise. Il ne subit plus, il est un des nombreux acteurs qui permettent que le projet du salut s’effectue. Sa liberté peut s’engager.
 
Joseph prit chez lui son épouse. Une nouvelle décision est prise, parfaitement assumée, dans la paix, dans l’entente avec son épouse, avec son Dieu. Joseph est vraiment partie prenante de l’histoire, il a une place certes modeste mais essentielle. Il est, de par sa propre filiation, de par son nom, celui qui va inscrire l’enfant promis au sein du peuple, dans les générations, lui donner la capacité d’être pleinement acteur. A vrai dire, le chemin de Joseph est celui qui est offert à chacun de nous. Quelles en sont les étapes pour chacun de nous ? Partir de notre situation, la recevoir vraiment dans toute son étrangeté et la présenter à l’action de l’Esprit, et, par l’œuvre de celui-ci, laisser émerger des sens nouveaux en recevant un contexte plus large que le nôtre en première approche, sortir de nos enfermements premiers, trouver se relier à l’histoire du salut de toute l’humanité. Dans cette nouvelle perspective, notre liberté située peut dire oui en ne se renonçant pas mais en se mobilisant. Nous ne sommes pas que des « Marie », nous sommes des « Joseph » en humble place pour que le salut advienne par d’autres que nous aidons.
 Jean-Luc Fabre, compagnon jésuite
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